À propos

Obsolescence est un site qui rend compte des activités de recherche du projet « Le temps du rétro : photo, cinéma, jeu vidéo » (2018-2023), dirigé par André Habib, Suzanne Paquet et Carl Therrien, avec le soutien des auxiliaires de recherche Anne-Philippe Beaulieu, Samy Benammar, Philippe Depairon, Francis Lavigne, Alice Michaud-Lapointe, William Gagnon et du graphiste Dominique Ethier.

Ce projet a réuni trois chercheurs spécialisés dans des médiums distincts (photographie, jeu vidéo, cinéma) qui s’intéressent à la problématique du retour et de la circulation à grande échelle d’anciens médiums ou technologies considérés comme obsolètes. Avec la petite équipe d’étudiant·e·s que nous avons formée, nous avons analysé les multiples formes que prend cette tendance — qu’on a qualifié de « rétro », de technostalgie ­— à l’ère du numérique, en particulier en ce qui a trait à la renaissance paradoxale de l’analogique : du retour de la pellicule argentique (photographie et film) aux disques vinyles, du Walkman à cassettes aux consoles de jeux vintage, de Mad Men à Stranger Things, du culte du Kodachrome aux applications pour téléphone mobile vous permettant de vieillir instantanément vos photos, etc. De quoi tout ceci est-il le symptôme ? Quel sens accorder à ces anachronismes, à ces formes résiduelles qui refusent de disparaître, ne cessent de revenir, et par rapport auxquelles une industrie particulièrement lucrative s’est peu à peu greffée (ce qu’on appelle communément les « industries de la nostalgie ») ? Est-ce qu’il existe un lien précis, comme le suggèrent certain·e·s chercheur·e·s, entre la nostalgie et les médias (Niemeyer 2014) ? Est-ce que les médias de reproduction technique, par l’intimité que nous entretenons avec eux depuis un demi-siècle, sont des véhicules particulièrement efficaces de mémoire, et donc, en cela, propices à alimenter les élans nostalgiques ? Ceci semble de plus en plus vrai particulièrement pour l’époque technologique située en bordure du raz-de-marée numérique, technologiquement « dépassée », mais encore parfaitement à la portée d’une mémoire vivante (c’est le cas notamment des années 70, 80, et maintenant 90 qui font un retour fracassant dans la culture contemporaine). Si cette « renaissance » est à bien des égards une critique, voire un rejet du numérique,  le numérique, et surtout Internet, depuis le début des années 2000, aura été un étonnant média de conservation et de transmission de ce passé récent, que ce soit à travers des sites comme YouTube, Instagram, Ebay ou Pinterest, qui ont entretenu la mémoire de cette esthétique (de la pellicule au VHS), qui ont maintenu  ces appareils et des types de relations avec la matérialité du temps.     

Afin de baliser et d’analyser de façon pertinente les modalités, les dispositifs et les formes d’inscriptions sociales de ces « retours » technologiques ou « technostalgiques », une bonne part de notre travail, au fil du temps, aura consisté à recueillir la plus grande variété d’exemples ou de cas, liés à notre problématique : (1) un écrémage des publications scientifiques et populaires (2) veilles et recherches croisées sur Internet, les réseaux sociaux, les sites d’applications mobiles, les sites de certaines compagnies ciblées (3) un examen de certains films, séries télés populaires, jeux vidéo, chaines Instagram, publicités et vidéoclips jugés exemplaires. Nous avons ensuite procédé à de courtes analyses, aussi détaillées que possible, sur les fonctions, les spécifications techniques et les modes de socialisation qui leur sont associés, sous forme de fiches. À ces fiches-synthèses portant sur des objets ou des phénomènes ponctuels, se sont ajouté des « Pistes » sous forme d’articles plus élaborés sur des sujets qui appelaient un développement de plus longue haleine : la technostalgie dans Stranger Things, l’esthétique rétro chez Lana Del Rey, l’histoire du « faux pixel », le renaissance de l’analogique chez Kodak, la survivance improbable d’un Blockbuster.

Notre souci aura été, à chaque fois, de décrire ce qui précisément fait retour : qu’est-ce qui, dans ces objets, cette musique, cette application, cette série, nous permet de reconnaître une forme revenante, considérée à certain droit comme obsolète, ou du moins, contraire à l’hégémonie technologique que cherche à imposer dans les pays industrialisés sa logique implacable (on réalise que dans les pays dits en voie de développement, la question de l’obsolescence ne se pose pas du tout dans les mêmes termes). Une réflexion sur ce qui constitue l’actualité, voire la nouveauté de l’obsolescence — et aussi sur le privilège que constitue un tel rapport à la technologie — a animé nos réflexions que nous consignons dans les pages de ce site.

La belle ironie que nous avons constatée au fil du temps, c’est que nous aurons été, parfois sans le savoir, des conservateurs de cette culture de l’inactuel, qui elle-même, sans doute par la nature de ses objets, est rapidement devenue obsolète. Dans certains cas, les objets étudiés (applications pour téléphone mobile aujourd’hui disparues, gadgets d’une saison, engouement éphèmère pour un type de filtre) s’est totalement évanouie des mémoires. Ce site, ce projet, consacré à l’« Obsolescence », en cherchant à adhérer au plus près à ce qui constitue l’actualité de l’inactuel, dans sa contemporaneité la plus saillante, a dû se résoudre à devenir lui-même un grenier joyeusement obsolète, et susciter, chez le visiteur ou la visiteur·e virtuelle, un effet de réminiscence, bien involontaire.

Remerciements

Nous tenons à remercier le CRSH pour sa confiance en ce projet, ainsi que la FAS de l’Université de Montréal, qui a fourni un premier financement pour développer la première idéation de cette recherche. Merci à Dominique Ethier pour le graphisme, William Gagnon et Alex Delagrave pour le site Web et à l’équipe d’auxiliaires de recherche qui a, depuis le début, été la source du dynamisme et de l’enthousiasme de ce projet : Samy Benammar, Philippe Depairon, Alice Michaud-Lapointe. Merci aussi à Francis Lavigne, Marielle Houde qui ont ajouté leurs fiches et leurs pistes en fin de course, ainsi qu’à Anne-Philippe Beaulieu pour la révision des textes. Merci également au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal et au Laboratoire CinéMédias pour leur soutien.

L’équipe

Chercheurs principaux

André Habib
Suzanne Paquet
Carl Therrien

Textes

Samy Benammar
Philippe Depairon
André Habib
Marielle Houde
Francis Lavigne
William Gagnon
Alice Michaud-Lapointe
Carl Therrien

Auxiliaires de recherche

Samy Benammar
Philippe Depairon
Alice Michaud-Lapointe

Graphisme

Dominique Ethier

Site web

William Gagnon

Alex Delagrave

Révision

Anne-Philippe Beaulieu