Project RETO

Présentation

Projectt RETO est une caméra qui permet de créer des stéréogrammes ou, comme les appellent certains, des images GIF, que l’on peut partager en ligne.

Présentation et modalités du rétro

À l’instar de nombreuses initiatives et entreprises capitalisant sur les charmes du rétro, le Project RETO a commencé via la plateforme de financement Kickstarter en 2019 ^[1]. RETO (de REinvent TOgether) permet de créer des stéréogrammes à partir d’un appareil évoquant les caméras des années 1980 de manière évidente.

L’idée de RETO est simple : en pressant l’obturateur de la caméra, trois half-framed photos (« demi-vues ») sont prises simultanément, prenant ainsi une pose et demie sur un film. D’ailleurs, la caméra semble être compatible avec n’importe quels films de format 35 mm. Les films sont par la suite développés afin de les monter, puis de les superposer et finalement de créer des stéréogrammes, c’est-à-dire des images qui, lorsqu’on les regarde adéquatement, donnent des effets de profondeur tridimensionnelles.

Le Project RETO fait appel au rétro, en partie par une reprise matérielle partielle. L’objet évoque notamment les caméras Nimslo de Timex. Bien qu’il y a plusieurs différences entre elles (RETO compte trois lentilles alors que les Nimslo en comptent quatre, le focus est libre dans les RETO alors qu’il est fixe dans le cas des Nimslo, etc.), ces deux caméras partagent toutefois des similitudes telles que leur nom, leurs couleurs, leurs matériaux (l’emblématique cuirette noire) ainsi qu’un sens de l’arrangement des lentilles et des viseurs relativement similaire. L’utilisation du faux cuir noir est d’ailleurs également visible sur des caméras légendaires comme la CTEPEO; par conséquent, l’imitation que fait RETO n’est pas un cas unique. Pensons entre autres à la caméra Lomo qui imite la Holga. En ce sens, RETO déploie l’histoire puis le déclin de la stéréoscopie, ainsi que son rôle dans leur « retour » pour situer son objet : « Todays [sic], most 3D film cameras had ceased production, not to mention the difficulty in coming across a fully-functional one. Therefore, we decided to bring 3D film camera back to life, only to make it lighter and easier to use!^[2] » L’appel à une nostalgie du rétro est peut-être moins exclusif au monde numérique que ne le sont d’autres projets ou initiatives : le but de Project RETO est, en fait, d’utiliser des photographies prises avec la caméra RETO et de les combiner pour créer une image gif via l’application RETO3D. Toutefois, il ne semble pas y avoir d’options pour les monter ou les assembler dans un stéréoscope.

L’histoire de la stéréoscopie (d’après RETO)

Le discours du retour du stéréogramme que l’on met en scène sur le site web est peut-être moins sur le mode de la célébration de la nostalgie ou d’un retour au passé que sur celui de la nécessité de faire revivre – et de moderniser – des médiums morts comme la stéréoscopie : « We simply hope to make film photography flourish again. We simply hope to make film photography flourish again, by creating affordable, well-tailored cameras^[3]. » RETO met également en évidence les capacités apparemment magiques de la stéréoscopie qui peuvent enchanter les clichés photo : « We would like to go beyond and give excitement to a static photo. Only a 3D camera which carries a unique design can wiggle a still moment, giving a new life for 2D images^[4]. » L’histoire de RETO touche par ailleurs les mêmes filons narratifs que le Impossible Project de Polaroid : tous deux tentent de faire revivre des appareils (plus ou moins) anciens comme la Nimslo. Le goût de la stéréographie se retrouve par ailleurs dans des pratiques plus pointues, notamment dans le projet du photographe Stephen Shore, pour qui le stéréogramme est un simulacre bidimensionnel d’un espace tridimensionnel ^[5]. RETO reprend cette vision, celle d’un simulacre, et cette fois, l’anime. À cette « rédemption » technologique du stéréographe se combine le mythe d’une petite compagnie à l’avenir incertain : « In late 2016, we had the idea to create RETO3D and yet, it is easier said than done. It took us some intensive discussions to finally agree to actualize the dream. It also required a great courage to run the project, with the uncertainties ahead. » Analog is not dead indeed.