Synopsis

Miami, 1985. Kung Fury, le flic d’arts martiaux le plus dur de Miami, remonte le temps pour tuer le pire criminel de tous les temps : le Kung Führer, alias Adolf Hitler.

Présentation générale

Kung Fury est un moyen métrage suédois écrit, produit, réalisé et interprété par David Sanberg. À travers ce film se fait sentir un hommage aux productions télévisuelles et médiatiques des années 1980 et, plus particulièrement, aux films policiers et films d’action ayant pour thème les arts martiaux ou les séries B de l’époque.

Le financement participatif lancé sur la plateforme Kickstarter a été très important (650 000 $). Le film a eu un énorme succès (c’est le moyen métrage le plus visionné de l’histoire de YouTube). Au sujet de ce succès inattendu, Sanberg avoue : « I thought people would be nostalgic but I didn’t think it would hit such a nerve. […] I did not expect that response that we got, it’s insane. »

Contexte

David Sanberg est lui-même nostalgique d’une époque qu’il n’a pas tout à fait connue : « Ma famille n’avait pas le câble quand j’ai grandi, alors j’ai manqué beaucoup de choses dans les grandes émissions des années 1980. […] J’allais chez mes amis et j’enregistrais des épisodes des Tortues Ninja et des Thundercats sur des cassettes VHS[1]. »

Cette vision nostalgique d’une culture médiatique américaine en est ainsi une fondée sur le fantasme d’une époque, vue à travers les yeux d’un cinéaste extérieur à la culture nord-américaine. Cela explique peut-être en partie la volonté de créer un « condensé » des années 1980, en d’autres mots d’en inventer une forme sublimée, à la fois imparfaite et bricolée (comme l’est elle-même la nostalgie, cette dernière se fondant sur des impressions vagues, des souvenirs, une idéalisation complexe), qui cherche à être le plus fidèle possible à des référents considérés « intouchables ».

Contenu et modalités du rétro

Dans Kung Fury, la nostalgie et l’esthétique rétro sont travaillés volontairement selon une exagération forte. Il ressort de ce film une impression d’anarchie et d’abondance esthétiques : pourrait-on parler de baroque old school des années 1980? L’exubérance, la douce dérision, le kitsch et la parodie sont au rendez-vous. On tente d’attraper tous les filons de la nostalgie des années 1980, de créer un « tout » nostalgique, une capsule-hommage qui condense le souvenir de cette décennie en un moyen métrage. Cela dit, la nostalgie vidéoludique est particulièrement mise de l’avant au sein de l’esthétique du film, notamment lors de la scène de combat avec les nazis. Cette scène reprend d’ailleurs la logique du jeu de combat à progression de type « beat them all ».

Parmi les effets esthétiques liés au travail sur le rétro, on retrouve, dans Kung Fury, une image VHS fatiguée (utilisation d’un filtre VHS faux). Le grain de la caméra accentue cette impression de fatigue qui pastiche un écran cathodique. On retrouve également de très nombreuses références cinématographiques et télévisuelles : Miami Vice (dans le générique), Tron (1982), Conan le Barbare (1982), The Karate Kid (1984), la série télévisée K 2000  (1982-1986), des dessins animés des années 1980 (Cobra, Conan l’aventurier, He-Man)…

En ce qui a trait à la musique, la bande originale tente de rendre hommage à la Synthwave des années 1980, en utilisant toutefois des codes contemporains (rappels de Grand Theft Auto?). On remarque entre autres une référence à MC Hammer lors de la scène du jeu de mot où le personnage de Thor dit « Hammer Time! ». Il y a également un caméo de David Hasselhoff, star des années 1980 emblématique pour ses rôles dans K 2000 et Alerte à Malibu. Hasselhoff chante la chanson du générique « True Survivor ». Le clip de cette chanson est inspiré de l’esthétique privilégiée au sein de Kung Fury et, encore là, on retrouve la même exagération, la même dérision et, aussi, la même volonté de respecter les codes esthétiques liés aux années 1980 (il s’agit de les contrefaire avec un respect de la forme).

On dénote également au sein de Kung Fury l’utilisation de stock footage. Celle-ci crée un côté aléatoire, « random », au film, qui montre que l’esprit de l’œuvre n’est pas seulement fondé sur la répétition pure et dure des codes d’une époque (celle des années 1980). Le thème du « retour vers le passé » est explicite au sein de la narration du film : il se cristallise notamment autour de l’idée de « hack back in time ». Il s’agit, dans Kung Fury, de retourner dans le temps pour tuer Hitler, le temps pouvant être « hacké » grâce au pouvoir d’une machine (et d’un hackeur professionnel). Letemps se révèle ainsi un système qu’on peut manipuler et, aussi, pirater. Manipuler les temporalités, les trafiquer est une action dangereuse (la connotation d’illégalité demeure). Il est possible de « trop » les hacker : on le comprend lorsque le personnage de Kung Fury est transporté à l’époque des Vikings et que des « laser-raptors » y sont présents. De plus, les machines technologiques peuvent se rebeller : la borne d’arcade peut acquérir, par exemple, des capacités humaines et, à la manière d’un humain, se mettre à tuer les joueurs.

Bien que Kung Fury se situe plutôt au niveau du plaisir spectatoriel (qui provient du fait de revivre nostalgiquement une période particulière, selon des référents), peut-on aussi y lire la trace d’une mise en garde face à la potentialité d’un abus de ces jeux et manipulations sur le temps? Est-il dangereux de vouloir trafiquer le temps au point de le détraquer, de le rendre dysfonctionnel, ou le temps est-il nécessairement « disjoint » en son fond? La nostalgie possède-t-elle le danger de dé-linéariser le temps de façon durable?

Le passé est ainsi traité comme une matière poreuse et hybride dont se nourrit la nostalgie thématisée dans Kung Fury. On cherche à faire plaisir à l’amateur de contenus médiatiques des années 1980  ̶  celui qui aura aimé (et consommé) Conan le Barbare et, probablement, joué avec des figurines de dinosaures  ̶ , donc pourquoi ne pas insérer ces contenus médiatiques au sein du même univers? Les objets nostalgiques se juxtaposent à travers une surenchère, un aspect composite qui influe sur le plaisir référentiel du spectateur.

Il y a également une grande présence d’objets rétro dans le film : des téléviseurs cathodiques (avec signes référentiels de brouillage, « PLAY », « Trafficking »), des bornes d’arcade, des téléphones à touches et des téléphones mobiles des années 1980 (Motorola DynaTAC), une Nintendo Power Glove, un bandeau « à la Karaté Kid », etc.

Réception

Though it follows in the tradition of retro satires Black Dynamite and MacheteKung Fury is more than just a hilarious pastiche of all those insane ’80s shows. It’s also a loving homage to the era when the B movie became America’s greatest export. When English-as-second-language stars — like Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme and Sylvester Stallone (granted, Rocky wasn’t born abroad, but he sure sounds like it) — dropped catchphrases instead of dialogue, making it easy for foreigners to follow movies where exploding cars and martial-arts action served as the main attraction.

« 10 reasons Kung Fury was the most awesome project in Cannes », Varietyhttps://variety.com/2015/film/news/10-reasons-80s-martial-arts-homage-kung-fury-most-awesome-project-cannes-1201506157/.

It’s kind of like Lethal Weapon meets Streets of Rage meets Big Trouble In Little China—with a lot more exploding heads, lasers, and Norse Gods. And it rules. […] Sandberg is a clever man, because this is how Kung Fury saves face. By embracing the grainy charm of old-school video cassettes (like big, movie-playing bricks for you young readers), high-def quality doesn’t become a priority. We don’t expect a crisp picture, and where imperfections might exist, they become part of a greater gimmick. 

« A breakdown of why Kung Fury is so damn awesome », https://wegotthiscovered.com/movies/kung-fury/.

In an effort to create the ultimate ’80s action movie tribute, David Sandberg (who wrote, produced, directed and starred in the film) has truly left no stone unturned, making sure that Kung Fury features every last plot device that comes to mind when you think ’80s action is present and accounted for.

« Retro Review : Kung Fury », https://geekireland.com/kung-fury-movie-retro-review/.

Get ready for the understatement of the week: popular media sure loves the 1980s right now. When studios aren’t scrambling to remake anything from the Reagan era with even the barest semblance of name recognition (I’m still holding out for the gritty reboot of Teddy Ruxpin, personally), everyone from video game developers to fashion designers to amateur filmmakers are appropriating the loud, garish, neon-and-pastel synthpop aesthetic of the late 80s and early 90s, because people seem to be lapping it up, so why not? This is a strange phenomenon whose causes have doubtless been explicated elsewhere far more expertly than I ever could—all I know is, I look around at popular media these days and it’s one of the most common tropes I recognize. Films like Kung Fury and Turbo Kid almost seem like inevitabilities in this climate.

« Retro Fever: Kung Fury vs Turbo Kid », Critics at Large, https://www.criticsatlarge.ca/2015/09/retro-fever-kung-fury-vs-turbo-kid.html.

Notes

[1]  Extrait tiré d’un article de Variety : https://variety.com/2015/film/news/10-reasons-80s-martial-arts-homage-kung-fury-most-awesome-project-cannes-1201506157/. Ma traduction.