Présentation
The Messenger emploie deux styles graphiques, chacun rattaché à une historicité technique précise : 8 bits et 16 bits. Le retour esthétique est intégré à la narration : un messager doit traverser le temps, entre deux époques, chacune rattachée à un rendu graphique spécifique – l’ère 8 bits dont le début est communément associé à la sortie de la Nintendo Entertainment System (NES) en 1983, et l’ère 16 bits qui lui succède à la fin de la même décennie avec la Super Nintendo et la Sega Genesis (aussi appelée Mega Drive). Au sein du jeu, les gameplays linéaires en 8 bits et labyrinthiques en 16 bits permettent ainsi de naviguer entre ces périodes et en respectent les styles et la musique distinctifs.
Description
Dès sa séquence d’introduction, The Messenger s’inspire de Ninja Gaiden (1988), dont il reprend le principe et l’esthétique de base. Le retour au gameplay rétro de ce jeu emblématique est problématisé dans les dialogues, sur un ton comique qui explicite le rapport de référentialité rétro. La dimension réflexive apparaît clairement et permet de questionner la nostalgie associée au rétro.
Si The Messenger est un hommage à une époque, il regorge de remarques qui tendent à critiquer autant les mécaniques de gameplay que l’attitude des joueurs face aux jeux. Ainsi, le personnage du marchand (trope récurent du jeu vidéo qui nous vend des upgrades sous la forme d’objets divers et que l’on retrouve évidemment dans l’univers de The Messenger), après avoir donné un « kunaï à corde » au joueur, fait remarquer à celui-ci que « tout le monde finira par l’appeler le grapin ». Cette déclaration souligne ici deux clichés : la mécanique du grapin et la tendance des jeux à éviter le terme pour rester cohérent avec l’univers.
Bien que le rendu visuel et le type de gameplay soient rétro, The Messenger fait preuve d’une grande modernité dans le dynamisme de ses déplacements et dans certains de ses éléments, comme son arbre de compétences, plus proches de productions récentes. L’un des développeurs déclare que, bien qu’on y joue avec une manette moderne en utilisant uniquement deux de ses boutons, on revient malgré tout aux sensations de l’époque. Il est pourtant difficile d’arriver au bout du jeu, sans la maniabilité d’un joystick moderne.
Contexte
The Messenger est le premier jeu de Sabotage Studio, petit studio de développement québécois qui souhaite se spécialiser dans les jeux rétro. Les membres de Sabotage attribuent officiellement à leur studio le but suivant : « Sabotage Studio: jeux à l’esthétique rétro et au design moderne. »
Autant en termes de production que de contenu, The Messenger s’inscrit parfaitement dans la ligne éditoriale du studio Devolver qui le distribue. Au-delà d’être indépendant, le jeu adopte un ton à la fois élogieux et irrévérencieux vis à vis du jeu vidéo.
La simplicité scénaristique est décrite comme une no time to explain old fashion et participe d’une nostalgie que ressentent les développeurs possédants eux-mêmes plusieurs consoles rétro, et racontant, amusés, leur rencontre avec les créateurs de Ninja Gaiden qu’ils admirent. Ils ajoutent que la création du jeu découle directement des jeux qu’ils ont pu conserver de leur enfance. Dans une vidéo disponible sur leur chaîne YouTube, les développeurs revendiquent leur affiliation aux jeux Flash (des jeux pour navigateurs web très populaires dans les années 2010 et ayant souvent adopté des esthétiques rétro pour répondre aux contraintes techniques de leur plateforme). Ils affirment ensuite :
The main thing you miss is being nine years old, it’s not stiff controls and repetitive music, we try to come up with something that makes sense today while still pulling on the strings of « Woo I’m with my cousin it’s Christmas and we’re unwrapping a new game ».
Réception
The Messenger est un succès critique et commercial : plus de 50 000 copies vendues, un score de 86 sur Metacritics et de 8.2 pour les avis des lecteurs.
It’s the most polished, thoughtful, and accurate tribute to retro gaming that l’ve seen in a very long time.
Usgamer
The Messenger is not just a brilliant love letter to the 8-bit and 16-bit games that inspired it. It’s proof that even in a market saturated with retro-style platformers, there are still clever ways to approach the genre.
Dual Shocker
The Messenger is a prime example on how to study the fundamental rules of a genre that has been replicated a million times before.
Nintendo Insider
The Messenger is both a tribute to and affectionate pastiche of 8 and 16-bit game design, storytelling and nostalgia.
Gaming Nexus
This is all reinforced by its in-game transition from an 8 to a 16-bit environment, which might seem a bit confusing at first but will easily be seen as an integral part of the game.
FNintendo
Références
Ce jeu vidéo prend le rétro très au sérieux, VICE Québec Facebook
Behind the Schemes: The Messenger, DevolverDigital chaine Youtube