Présentation générale

La La Land est un film de 2016 réalisé et scénarisé par Damien Chazelle. Mia, une aspirante actrice, travaille dans un café de Los Angeles. Sébastien, un musicien jazz, survit grâce à des spectacles dans des bars ou des soirées cocktail et rêve de monter son propre club de jazz. Tous deux sont loin de la vie à laquelle ils aspirent, mais tombent amoureux.

Le film est intéressant au niveau de la nostalgie qui y est travaillée. En effet, La La Land met en scène la nostalgie d’un âge d’or cinématographique particulier (celui des comédies musicales) et expose un univers visuel qui rend hommage à cette même période, notamment à travers les numéros de chant et de danse exécutés, les couleurs vives des costumes, les looks savamment reconstitués, le renvoi initial au format Cinemascope (au début du film). La La Land « s’accroche » au passé pour faire sa marque et, sous couvert d’hommage, reproduit certains des grands moments de l’histoire de la musique et du cinéma. Or, il faut s’interroger sur la vision de la nostalgie que ce film incarne et sur la relation que cette même nostalgie instaure avec le spectateur.

Contexte

La La Land fait référence à l’imaginaire du rêve et de l’idéal qu’on retrouve communément dans les comédies musicales, plus particulièrement américaines. Parmi les inspirations de Damien Chezelle se trouvent des films cultes tels que 7th Heaven (Frank Borzage, 1927), Singin’ in the Rain (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952), An American in Paris (Vincente Minnelli, 1951), Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964) et The Band Wagon (Vincente Minnelli, 1953). Certaines des scènes de La La Land, notamment celles liées à la thématique de l’impossibilité de conjuguer rêve, idéal, fanstasme et amour, font ouvertement référence à des scènes précises tirées de ces films célèbres, afin que les spectateurs puissent aisément effectuer des rapports entre le film de Chazelle et ces chefs-d’oeuvre du genre du musical.

Au départ, le film a été grandement salué et a reçu de nombreuses nominations aux Oscars, puis il a suscité de nombreux débats critiques, entre autres sur la plateforme Twitter. Ceux-ci remettaient en question l’attention médiatique accordée au film, ainsi que le discours nostalgique qu’il défend, puisque La La Land présente la nostalgie d’un passé lui-même nostalgique (comme c’est le cas également dans Ready Player One de Steven Spielberg).

Contenu et modalités liées à la nostalgie

La nostalgie présentée dans La La Land imprègne l’atmosphère du film, c’est une nostalgie référentielle qui devient indissociable de cette ode au passé elle-même thématisée dans le film. Le travail sur les couleurs, d’un éclat presque Technicolor, est une métaphore, une manière d’incarner la perception des personnages (qui pensent leurs rêves et le monde avec « des lunettes roses »).

La La Land traite aussi, bien sûr, de la nostalgie de la comédie musicale comme genre cinématographique. Un genre qui se définit d’ailleurs à travers cette notion d’évasion dont, à plusieurs reprises, la critique a annoncé la mort (ou l’impossibilité d’un réel regain, étant donné que l’âge d’or de la comédie musicale coïncide avec la crise économique des années trente, où paillettes, glamour, danses, chansons et rêve d’un monde meilleur permettaient d’échapper à une réalité difficile).

Le film de Chezelle fait surtout preuve d’une conscience assumée quant à sa forme et au genre qu’il récupère et revisite, genre qui lui-même puisait sa force dans un imaginaire nostalgique à l’époque. La La Land est ainsi, en quelque sorte, un « remake nostalgique » d’une comédie musicale. Quelque chose fait partie d’un processus de remédiation composite, l’œuvre trouvant sa marque dans cette combinaison (voire dans cette fusion) entre nostalgie, parodie et hommage.

On pourrait dire que La La Land incarne ce que Simon Reynolds dénote comme une forme de « futur déjà passé » (Simon Reynolds, Retromania: Pop Culture’s Addiction to Its Own Past). Cette conception, Reynolds l’utilise pour des objets culturels « qui se construisent à partir d’une vision idéalisée d’un certain passé et cette idéalisation mène à une nostalgie qui aplatit les contours délimitant passé et présent ». Reynolds parle également de « bricolage de bric-à-brac culturel », le passé étant devenu un matériel ludique à partir duquel extraire du sens et créer du capital.La La Land est ainsi un exercice à partir duquel on tente d’épuiser la nostalgie. Or, est-il envisageable d’atteindre ces limites de la nostalgie? Comme l’affirme Sabine Sielke, « La La Land crée une tension entre l’affirmation, la démystification et l’ironisation de ces stratégies, et laisse de nombreux spectateurs avec des sentiments mitigés […] Plutôt que de diffuser la nostalgie, le film de Chazelle la dissèque en mettant de l’avant sa matérialité[1]. »

Réception

If La La Land’s version of the past provides us with an escape, what does embracing that past say about us? And accordingly, if the year’s Best Picture serves as a reflection of where we, as a society stand in a particular moment, what does La La Land say about 2017?

« La La Land and the Limits of Nostalgia », Yale Daily News, 2017, https://yaledailynews.com/blog/2017/02/24/la-la-land-and-the-limits-of-nostalgia/.

Using Lizardi’s semiotic analysis as a template, this article will explore the specific meanings and diverse types of commodified media nostalgia found in the film musical La La Land that provide understanding of why such a contemporary film remake of past musicals fits so well into “a larger cultural trend aimed at constructing a past-centred entertainment experience through content and technology”. Also, how La La Land fits into what Marc Spitz terms “twee,” a post-World War II gentle revolution that focuses on our “sensibilities, aesthetics, and tastes, driven by an ethos of kindness and a quest for purity in an impure world.”

« The Joke’s on History : Retro-Reality, Twee, and Mediated Nostalgia in La La Land (2016) », Bright Lights Film, 2018, https://brightlightsfilm.com/the-jokes-on-history-retro-reality-twee-and-mediated-nostalgia-in-la-la-land-2016/#.YkOed27MLUo.

Thus, on closer scrutiny, the ways in which La La Land and The Shape of Water employ classic Hollywood musical films allows us to assess the interplay between retro and nostalgia as well as to distinguish modes of nostalgia more clearly. For both films’ soundscape is not per se nostalgic. While music may serve as a “mnemonic prompt” (Sprengler 2009, p. 74) for individual viewers, its potentially nostalgic effect is produced by an index of time which, if ‘cited’ (and thus necessarily altered) at a later moment, works as a trace of former cultural practice.

Sabine Sielke, « Retro Aesthetics, Affect, and Nostalgia Effects in Recent US-American Cinema: The Cases of La La Land (2016) and The Shape of Water (2017) », Arts, 2019, 8(3), p. 87.

Notes

[1] Sabine Sielke, « Retro Aesthetics, Affect, and Nostalgia Effects in Recent US-American Cinema: The Cases of La La Land (2016) and The Shape of Water (2017), Arts, 2019, 8(3), 87. Ma traduction.