Présentation

La Lomokino est une caméra manuelle de Lomography qui permet de prendre des films de 8 secondes maximum sur 35 mm.

Description et modalités rétro

All the way back in 1892, legendary inventors Thomas Edison and William Kennedy Dickson first used 35 mm film and adapted it to shoot movies on their early analogue movie cameras […] It was the German optical engineer, Oskar Barnack, who would eventually be credited with popularizing the format for still photography when he invented the first of legendary Leica 35 mm cameras […] The LomoKino has brought this history of 35 mm film around full circle.

Ainsi, Lomo rattache-t-elle sa seule caméra grâce à laquelle on peut créer de courts films (5 à 30 secondes) en 35 mm, la Lomokino (2011), à l’histoire du cinéma et des caméras. Or, plutôt que de faire référence au cinéma russe, et comme le rend évident le kino du nom, la caméra cherche plutôt à renvoyer au cinéma allemand ainsi qu’aux Leicas allemandes développées par Barnack en 1913 puis présentées à la Leipzig Spring Fair de 1925.

La Lomokino est un excellent exemple de retour esthétique. La caméra, avec son boîtier en plastique noir et ses plaquettes réfléchissantes situées à l’avant et à l’arrière de l’objet, reprend le même schème de couleurs et de textures que le cuir et le chrome de la Leica M10-R; même le rouge du « 35 » reprend la couleur de Leica. Lomo invoque d’ailleurs volontiers cette dernière : « Ce n’est que plus tard qu’on a commencé à expérimenter la pellicule film 35 mm sur des appareils photo. C’est l’ingénieur allemand Oskar Barnack qui rendra populaire le format 35 mm pour la photographie, en inventant le premier appareil légendaire Leica 35 mm. » En même temps, par sa forme allongée et verticale, la Lomokino renvoie moins aux Leicas qu’aux classiques caméras Lubitel (également fabriquées en bakélite et justement conçues par LOMO) et Voigtländer, sans toutefois la panoplie de boutons que ces dernières présentent. La Lomokino fusionne et épure toutes ces influences, en même temps qu’elle modernise et intègre des fonctions qui étaient inconnues à ces caméras (comme la présence d’un flash intégré, son fonctionnement sur du 135 plutôt que du 120, etc.). Or, la Lomokino est encore plus lo-fi que la Lubitel : à titre comparatif, l’ouverture de la Lubitel est de f/4.5 à f/22, tandis que celle de la Lomokino est de f/5.6 à f/11; en d’autres mots elle présente une amplitude plus réduite. On présente également le fonctionnement de la Lomokino comme étant lui-même antédiluvien, c’est-à-dire sans batterie ni chargeur : la Lomokino est activée grâce à une manivelle que l’on tourne plus ou moins rapidement selon la vitesse désirée. Cette opération fait référence aux caméras inventées avant 1920 qui, comme la Bolex en 16 mm, ne comportaient pas de manivelles visibles sur le côté.

La manivelle de la Lomokino

Ce retour esthétique ainsi que le fonctionnement de la Lomokino sont sémantisés, thématisés en rapport au rétro. Ainsi, les films réalisés avec la caméra, eux-mêmes inévitablement lo-fi, sont décrits de la manière suivante sur le site web américain The Verge : « Where even modern cellphones can record 1080p video in low light while simultaneously capturing stills, this takes one minute of silent, jerky, old-school footage[1]. » Dans ce cas-ci, le mode de réalisation appuie l’ensemble de connotations rétro que les résultats dénotent : contrairement aux films léchés et réalisés en pressant un simple bouton, l’activation de la manivelle et les résultats silencieux (et brusques) sur pellicule rendent les 144 images décidément old school. Sur le site web, on souligne justement les aspects lo-fi, spontanés, voire amateurs que la Lomo incarnerait : « It’s grab’n’go. You grab your LomoKino, your film, and you go. You don’t worry about the technical aspects. You could if you want to, but you don’t have to. » Dans ce cas-ci, la caméra et ses aspects vintages, que l’on pourrait qualifier d’absolument rétro, trouvent un écho dans les gestes nécessaires à son activation et dans les films qu’elle produit, voire même dans leur visionnement. Elle promet des « origin[aux], uniques et imprévisibles », « beaux et authentiques », « un nouveau monde d’expérimentations et de possibilités créatives[2] » Une recension dans le magazine américain UK PC Mag assure cette relation de la manière suivante :

Billed as a “Gloriously Analogue Movie Maker,” the camera is as low-fi as it gets. A flip-up optical finder gives you a rough idea of framing, and the camera’s frame rate varies based on how fast you crank it. The camera’s analog workflow is the antithesis of the instant gratification delivered by digital video, but artists and nostalgia buffs who are willing to work to hone their craft could get a lot out of the LomoKino[3].

Une fois les films développés, Lomography offre (séparément bien sûr) de voir les réalisations sur un LomoKinoScope, « la manière la plus argentique qui existe[4]. »

Notes

[1] https://www.theverge.com/2011/11/3/2534230/lomography-lomokino-announced

[2] https://microsites.lomography.com/lomokino/fr/

[3] https://uk.pcmag.com/digital-camcorders/19549/lomokino

[4] https://microsites.lomography.com/lomokino/fr/plan/. Similairement à la caméra, on active le KinoScope avec une manivelle. On peut en lire une recension ici : « After managing the task of rolling the film and installing the container into the LomoKinoScope, you hold it against the light, look through the eyepiece and start cranking. Where the Lomokino can run at 3-5 fps, the LomoKinoScope can barely do 1 fps, resulting in a very poor viewing experience. »